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René Char : le poème et l’action

René Char : le poème et l’action

Études littéraires,vol. 47,3 – Automne 2016
sous la direction de Laure Michel et Anne Tomiche

La Seconde Guerre mondiale et le nazisme ont cristallisé la question de la responsabilité de l’écrivain et de son engagement dans l’action. Poète combattant, René Char (1907-1988) a renoncé à toute publication pendant la durée de la guerre pour se vouer à l’action directe des maquis de la Résistance. Une telle attitude semble entériner l’incompatibilité entre l’action par la poésie et l’action du combattant. Bien plus, elle fait de l’écriture poétique un geste qui, selon Char, est « dérisoirement insuffisant » lorsqu’il s’agit de combattre les ténèbres hitlériennes.

Centrées sur Fureur et mystère(1948)– et les œuvres qui le composent telles que Seuls demeurent (1945), Feuillets d’Hypnos (1946) et Le Poème pulvérisé(1947) –,les analyses du présent dossier examinent au premier chef les retombées éthiques et esthétiques de la Seconde Guerre mondiale sur l’œuvre du Résistant qu’a été René Char. Ce faisant, les rapports étroits qu’entretiennent la poésie et l’action sont étudiés à la faveur tantôt d’une forme – la prose –, tantôt du silence – mutisme éditorial ou force qui pousse le chant à exercer sa résistance. Si le contrat de lecture qui lie étroitement le poète à son lecteur doit incliner vers l’obscurité, c’est le résultat d’une mise en tension commandée par les circonstances de la guerre : nécessaire maintien du mystère et de son évidence pour combattre les ténèbres nazies, la poésie ne se dégageant que pour mieux agir dans la langue, et si le lyrisme atténué du poème en prose met le je à distance de l’autorité énonciative, c’est que la voix ne peut plus être une voix pleine. Le doute est nécessaire et participe de la recherche d’une forme qui déconstruise l’univocité du sujet politique, celui des idéologues et des dogmatiques de la Résistance comme de la Révolution, écrivent en substance les auteurs de ce dossier dirigé par Laure Michel et Anne Tomiche.

En fin de volume, le lecteur découvrira un entretien d’une riche profondeur avec le Nobel de littérature J.M.G. Le Clézio.

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